Les systèmes d’information géographique révolutionnés par le numérique?

3DD Espace de concertation • 10 septembre 2018

Cette page reproduit l'article paru dans la revue spécialisée Cadastre de Spetembre 2018. De fait et en tant que citation, les éléments ne sont pas soumis à la licence Creative Common

 

Le numérique impacte tous les domaines et métiers du territoire. La géomatique n’est pas épargnée. Le Système d’information du territoire Genève (SITG) a lancé une réflexion sur ses évolutions et initie une démarche d’innovation ouverte pour répondre aux enjeux du territoire et aux besoins des habitants. 

Genève et le Grand Genève vont connaître dans les années à venir un important développement territorial et urbain, notamment structuré par le réseau RER transfrontalier LEMAN Express. Dans le même temps, et communément à d’autres villes et métropoles européennes, Genève voit les effets de la numérisation se révéler tous les jours davantage, avec son lot d’opportunités et d’interrogations sur l’ampleur et les impacts des transformations en cours. En 2017, le comité directeur du Système d’information du territoire Genève (SITG) a confié à un groupe de travail la mission de fournir les éléments d’une vision stratégique de la géoinformation pour répondre aux enjeux de cette double réalité: transformation urbaine et développement du numérique. Il ne s’agit pas simplement de deux phénomènes convergents, ils deviennent indissociables. Le numérique complexifie la gouvernance urbaine avec l’arrivée de nouveaux acteurs et la réaffirmation de la place du citoyen. Les données deviennent de plus en plus nombreuses, disponibles en temps réel et surtout au centre de la gestion des villes contemporaines. Les systèmes d’information géographique (SIG) doivent aussi faire leur révolution numérique.

Le SITG étant depuis plusieurs décennies l’acteur central de la donnée territoriale à Genève, il est apparu essentiel au comité directeur de se réinterroger afin de consolider sa proposition de valeur. Le SITG est un partenariat fondé sur le partage des données géographiques et sur l’échange d’expériences. Il doit aujourd’hui élargir l’assiette des données mises à disposition, tant en termes de volume que de diversité. La géoinformation passera également d’une logique de «stock» à une logique de «flux» avec la mise en place des rétroactions permettant de capitaliser les données et les informations. Des «smart geodata» pour répondre aux enjeux du territoire et aux besoins des citoyens tout en impliquant ces derniers. L’approche partenariale des débuts reste un atout majeur pour le SITG maintenant élargi au Grand Genève. Cependant, il ne faut pas sous-estimer l’émergence des «smart geodata» qui conduit les acteurs publics à questionner leur mode de gouvernance de la ville à l’ère du numérique. Si les données ne constituent pas en soi une vision de territoire, elles sont indispensables pour en concevoir une et indispensables au développement d’une ville plus «smart». Avec cette vision stratégique, structurée autour de quatre axes et treize mesures, le SITG devient naturellement une plateforme d’expérimentation pour que les «smart geodata» soient pleinement mises au service d’un projet de territoire et des habitants de notre région.

 

De la déclaration d’intention à l’action: le pari de l’innovation ouverte

Une étape importante a été franchie en début d’année avec la publication du rapport Pour une vision stratégique de la géoinformation à Genève. Le travail se poursuit au sein du réseau des partenaires et au-delà, pour discuter, échanger et débattre des enjeux qui n’épargneront aucun acteur du domaine. Mais une fois la déclaration d’intention faite, comment passer à l’action, comment initier le mouvement de la transformation sans perdre ce qui fait depuis ses débuts la force et la réputation du SITG? 27 ans après sa création, le SITG doit innover et se réinventer. Si le fonctionnement partenarial est une richesse pour le SITG, il demande une approche collective et volontaire impliquant tous les membres. Pour poursuivre la dynamique, la première mesure du rapport mise en place a été l’installation d’un think tank appréhendé comme un véritable outil au service de la transformation du SITG. Au regard de la matière en rapide évolution et d’une indispensable approche agile, le think tank s’est fixé pour méthode d’agir sans attendre sur l’écosystème genevois.

Cette approche consiste tout d’abord à définir pour chaque sujet un casting réduit et idoine et un délai. Les impacts organisationnels de la «smart geodata» occuperont le premier groupe pilote jusqu’en fin d’année 2018. Un second sujet en cours de définition sera traité par un second groupe installé dès septembre permettant des interactions. Le think tank du SITG sera ainsi un réseau agile constitué de deux à trois groupes actifs simultanément. Au-delà de cette approche par réseau de sujets, s’appuyant sur des expertises ciblées, le SITG expérimente une démarche inspirée de l’innovation ouverte et intégrative notamment influencé par le lieu de travail.


Pourquoi cette approche ouverte nous semble nécessaire pour répondre aux enjeux de l’évolution du SITG et du développement sa proposition de valeur? Le mot de «smart» est sur toutes les lèvres, la donnée est l’objet de toutes les attentions et convoitises mais ne nous trompons pas, si la donnée a de la valeur, elle n’a pas d’intelligente intrinsèque. Il est en revanche de la responsabilité des acteurs publics de mettre, avec intelligence, la donnée au service des territoires et de ses habitants en les impliquant dans des démarches de co-création. Il est de la responsabilité des acteurs publics de mobiliser les compétences pour exploiter les données et permettre à des projets et à des services nouveaux d’émerger. Cette démarche de think tank est un prototype stimulant l’intelligence collective pour que la donnée soit mise au service de projets «smart».

Les séances du think tank se déroulent au 3DD espace de concertation, véritable laboratoire participatif visant la création de communs, les échanges, les rencontres, la constitution et le partage d’un patrimoine informationnel vivant et ouvert. Toute la documentation des séances alimente le wiki du 3DD ouvert à tous. Pour accélérer le transfert opérationnel des réflexions stratégiques portées par le think tank, celui-ci se confrontera à l’issue de chaque séance aux acteurs du territoire, membres du comité directeur du SITG mais aussi toute autre personne intéressée par ces enjeux et sujets. Si ces groupes restreints constitutifs du think tank ont la responsabilité d’apporter de la plus-value dans la réflexion, les acteurs locaux seront quant à eux impliqués et responsabilisés dans une mission de «dotank». Ainsi, sans attendre la production finale des différents groupes, nous agissons sur l’écosystème genevois en confrontant le think tank à la réalité du terrain et nous enclenchons la transformation progressive du SITG en toute transparence. De ces échanges émerge- ront de nouveaux sujets qui seront ensuite approfondis par le think tank.

Le SITG peut facilement explorer le renouveau de la relation Etat-citoyens du fait de sa nature partenariale, de son histoire et de sa culture de la gestion du patrimoine informationnel commun que sont les données géographiques. Le SITG peut contribuer à ouvrir une voie n­ouvelle dans la création de projets porteurs d’in­térêt général construits à partir des données. C’est conscient de ces enjeux que le SITG développe cette démarche o­uverte et s’engage avec ambition dans cette transformation. C’est convaincu de sa responsabilité d’agir que le SITG expérimente cette démarche ouverte à tous et nous l’espérons, inspirante pour d’autres territoires.

 

Thème(s)
Nature de la ressource
Territoire(s) concerné(s)