Le 7 octobre, une table-ronde était organisée et modérée par Nathalie Lauriac de Co-cité dans le cadre du mandat Echollectif pour le 3DD-Espace concertation dans le cadre de la Semaine de la Démocratie.

Elle a réuni les personnes suivantes :

  • Matthias Solenthaler – Ressources Urbaine Co-fondateur et membre de la direction de la coopérative Ressources Urbaines, qui a contribué à la préparation de l’évènement
  • Elsa Anzules – Jardinière au sein du projet Point Cardinal à Carouge et travailleuse sociale 
  • Pierre Guillod - Membre du conseil d'administration de l'épicerie coopérative du Nid.

Mais qu’est-ce que cette démocratie du faire ? Sabine Girard et Séverin Muller la définisse ainsi[1] :  « La démocratie du faire est la mise en œuvre pratique de principes démocratiques, fondée sur l’auto-organisation, l’horizontalité, la liberté, l’autonomie et œuvrant à l’élaboration de communs. La légitimité des citoyens et des citoyennes émane de l’initiative et de l’engagement des individus et des collectifs qui s'autosaisissent de sujets pour mener concrètement, à leur échelle, la transformation sociale. »

Concrètement, la démocratie du faire s’ancre dans les corps, les gestes, les mains, celles qui se rejoignent pour donner vie à un lieu, à un jardin, à des rencontres ou à une activité économique d’utilité sociale. Elle est la manifestation de la volonté des habitantes et des habitants d’agir pour améliorer leur quotidien, pour répondre à des enjeux sociaux, urbains ou écologiques. Ces initiatives partagent un objectif de contribution au bien commun.

Cette approche semble s’appuyer sur la philosophie politique de John Dewey pour qui la démocratie n’est pas une simple forme de gouvernement mais une culture qui s’incarne dans la participation de l’individu à l’action collective. Il semblerait que cette notion de démocratie du faire soit de plus en plus souvent mobilisée par des auteurs ou des autrices pour décrire le foisonnement d’initiatives qui se développent autour des enjeux écologiques.

La participation à l’action collective se heurte cependant aux inégalités qui contribuent à un sentiment d’ignorance, d’illégitimité voire d’impuissance. Un autre intérêt de cette démocratie du faire est d’associer une diversité sociale et culturelle de personnes, participant au développement du pouvoir d’agir, voire à des parcours d’émancipation. Enfin, ces initiatives nourrissent des processus d’apprentissage lorsqu’elles mettent en pratique un fonctionnement démocratique dans les processus de décision, l’organisation des rôles et des responsabilités, les processus d’entrée.

Au-delà des actions elles-mêmes qui expérimentent d’autres manières de vivre ensemble, c’est une démocratie vivante et incarnée qui se déploie ainsi. à travers des pratiques concrètes, ces initiatives peuvent aussi contribuer à transformer le rapport qu’un certain nombre d’individus entretiennent avec d’autres composantes de la vie démocratique. Des enjeux qui interrogent aussi les liens entre les collectifs qui naissent de ces expériences et les institutions publiques qui portent la démocratie qu’elle soit représentative ou participative.

Bonne écoute!

 


[1] Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la Participation, DicoPart GIS Démocratie et Participation. https://www.dicopart.fr/democratie-du-faire-2023)