Notes de voyage autour des civic-tech Jour 3

Alain Renk • 20 septembre 2019
dans le groupe Démarche Civic-Tech

Notes de voyage autour des civic-tech

Jour 3 -  20  septembre 2019 

10 jours en Chine. L’occasion de lancer une conversation avec la publication d’un court texte chaque jour sur le hub de l’atelier Civic-Tech du 3DD de Genève. 

Inside Dequing

  1. Utiliser les principes de l’urbanisme ouvert pour revitaliser les zones rurales en Chine conduit à une compréhension du système de propriété foncière et des modes de décision. Ce sujet était au centre de nos discussions ce matin et plus tard dans la journée des manifestations de paysans aux environs du « Wikitribe Project » sont venues rappeler que les développeurs immobiliers les plus puissants ne peuvent ignorer la société civile qu’à leur dépens. 
  2. Les projets conventionnels ne sont pas les seuls touchés. Nous avons au moins deux expériences où les projets expérimentaux de Mu Wei, co-fondateur de 7 Milliards  d’Urbanistes, ont été freinés puis stoppés après la première étape.
  3. Le paradoxe est que c’est la réussite de ces projets y compris médiatique qui déclenche les blocages. Pour le projet « Island » 5 petites maisons ont été construites en bord d’un lac en complément à une ferme biologique. La publication d’une vidéo sur WeChat*, le facebook local, a été vue 20 millions de fois en une journée. Elle a ensuite été reprise sur Tercent** et est passée à 320 millions de vues. Et le projet s’est arrêté. 
  4. Même chose pour un projet dans le sud de la Chine. Le projet devait se developper en intégrant la population locale dans un projet d’écotourisme et de festival artistique. La qualité du bâtiment initial a créé de l’intérêt et a remis en cause les accords initiaux avec les villageois. Le projet pensé pour être harmonieux est devenu source de conflits.  
  5. La possibilité d’intervention de la société civile au sein des projets vient du système de propriété temporaire issu de la promesse initiale du Parti communiste chinois :“venez faire la guerre avec nous, la propriété sera partagée entre tous.” Aujourd’hui dans toute la Chine la propriété est temporaire, Acheter un appartement dans une tour est valable pour 70 ans. Pour les paysans la terre pourra rester la propriété des enfants seulement si leurs cartes d’identité restent celle du même village. Le droit d’usage des bâtiments et des terres se complète d’un droit de management qui permet  de louer pour 50 ans des terres à des développeurs immobiliers. Quand un promoteur propose le contrat de location, il donne un prix bas, en rapport avec un terrain non développé. 
  6. Quand les projets commencent à prendre leurs ampleurs, soit parce que les bâtiments sortent de terre, soit à travers les médias, les paysans pensent que le prix du contrat initial était sous-évalué ils déposent alors des plaintes auprès des différents gouvernements. Les autorités politiques ne peuvent pas simplement demander le respect du contrat initial et des changements de réglementation ou des refus d’autorisation vont être les symptômes d’une situation floue qui va dans certain cas durer suffisamment longtemps pour casser les dynamiques de projet. 
  7. En proposant d’intégrer les paysans au processus de revitalisation des villages et des terres agricole depuis l’origine, pendant le développement et ensuite pendant l’exploitation des projets nous ouvrons les réflexions. Nous  commençons à apporter la culture des process contributifs : « Vous ne pouvez faire des projets durables sans intelligence collective. Et vous ne pouvez faire de l’intelligence collective pour un projet territorial sans inviter les habitants ». 

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Nature de la ressource
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